Les artistes

Charles LAPICQUE

Qui était Charles LAPICQUE ?

Né le 6 octobre 1898 à Theizé (Rhône). Mort le 15 juillet 1988 à Orsay (Essonne). XX° siècle. Français. Peintre de compositions religieuses, sujets de sport, sujets divers, animaux, paysages, peintre à la gouache, peintre de cartons de tapisseries, décorateur, graveur, dessinateur, illustrateur. 

Bien que né dans le Rhône, il est d’une famille vosgienne et passa son enfance à Epinal, sauf les vacances annuelles en Bretagne, commençant le cycle de ses études, accompagnées d’études musicales, puis les poursuivant à Paris, à partir de 1909. De 1917 à 1919, il fut mobilisé dans l’artillerie à cheval. En 1919-1920, il termina ses études d’ingénieur à l’école centrale tout en commençant à peindre à l’huile. De 1921 à 1928, il fut ingénieur dans la distribution de l’éléctricité, poursuivant parallèlement ses études picturales encouragé notamment par Lipchitz. En 1928, il décida d’abandonner sa carrière d’ingénieur pour la peinture mais la crise monétaire de 1931 lui fit reprendre un poste de préparateur à la faculté des sciences qu’il conserva jusqu’en 1943, et qui avait l’avantage de lui laisser suffisamment de temps pour la peinture. Il a écrit de nombreuses communications et prononcé de nombreuses conférences, dont les principales sont réunies dans Essai sur l’espace, l’art et la destinée (Grasset, Paris, 1958).

Charles LAPICQUE dans le monde artistique

Il participa à la manifestation historique de 1941 Jeunes Peintres de tradition française, où Bazaine, Estève, Gischia, Le Moal, Manessier, Pignon, Singier et lui-même affirmaient devant l’occupation allemande une certaine présence française et la vitalité des courants artistiques d’avant-garde considérés comme « dégénérés » par le régime nazi. L’année suivante, il expose avec Estève, Pignon, Bazaine, Tal Coat et Lhote. S’il a évidemment participé, surtout dans ses débuts, à de très nombreuses expositions de groupe, et notamment au Salon de Mai fondé par ses compagnons de route, il s’en est assez mal accomodé, peut-être trop attentif à l’apparente hiérarchie du placement et s’y faisant de plus en plus rare. L’exposition Les années cinquante au musée national d’Art moderne de Paris rendit hommage à son oeuvre en 1988. Depuis 1929, il montre ses oeuvres dans de nombreuses expositions personnelles à Paris, , Bruxelles, Copenhague, Brest, Genève, New-York, Londres, Düsseldorf, Munich, et notamment dans les musées : des Beaux-Arts de Nantes en 1960 ; Kunsthalle de Berne, Städtische Galerie de Munich, musée de Grenoble et Maison de la Culture du Havre en 1962 ; Städtisches Museum de Trèves et musée d’Etat de Luxembourg en 1963 ; musée de l’Athénée de Genève et Folkwang Museum d’Essen en 1965 ; Kunstamt-Tempelhof de Berlin en 1967 ; musée national d’Art moderne de Paris en 1967 et 1978. Entre autres distinctions, il a été fait officier de la Légion d’honneur et commandeur des Arts et des Lettres, en 1966. Il obtint le Grand Prix national de la peinture en 1979.

Style(s), technique(s) et oeuvres de Charles LAPICQUE

En 1925, dans une production qu’il reconnaît lui-même dispersée, il avait peint un Hommage à Palestrina, tout à fait abstrait ; mais d’une part une peinture absolumment isolée ne pouvait prétendre à une grande signification, d’autre part en 1925 il s’était déjà passé pas mal de choses dans ce sens. Dans la période de son travail à la faculté des sciences, il élabora une théorie fragmentaire de la couleur : confondant quelque peu des notions de nature différente : éloignement relatif des couleurs, luminosité propre des couleurs, effets relatifs de contrastes, il aboutit à la conclusion que, à l’inverse des conceptions empiriques traditionnelles et des expérimentations scientifiques récentes, les bleus étaient plus aptes à figurer les plans rapprochés et les rouges et les jaunes les plus éloignés, ce qui est avéré tout à fait exact dans certaines conditions, et est, entre autres, caractéristique de la vision en contre-jour. Il advint alors de cette systématisation discutable, ce qu’il advient souvent des erreurs scientifiques : elle était fertile et porteuse d’une longue série de peintures conçues selon ce principe, qui constitue la première époque cohérente dans l’oeuvre de Lapicque, dont l’une des premières fut, en 1935, la Prise de Ma Kong par l’amiral Courbet et qui aboutit, après le très beau Port de Loguivy, de 1939, à la Sainte Catherine de Fierbois et à la Jeanne d’Arc traversant la Loire, de 1940. L’infinie diversité des thèmes abordés, simultanément aussi bien que successivement, par cet « imagier » ne permet pas, dans une notice relativement brève, de les suivre au jour le jour. Dans des paysages datant des années de guerre, il mit définitivement au point sa technique du mélange des angles perspectifs, complété par le mélange des formes par chevauchement ou transparence.

Il célébra la Libération de la France : L’Attaque du Sénat par la division Leclerc, La Libération de Paris, en 1944. De 1945 à 1950 environ, et sur des thèmes extrêmement divers selon l’occasion, allant des Régates de 1946, à la Bataille de Waterloo de 1949, et à toute la série des Courses de chevaux de 1951, après les Gengis Khan – Henri III et autres Attila de 1950, il mit en oeuvre différentes façons de donner l’impression du mouvement, boucles entrelacées des virages bord sur bord d’une barque, juxtaposition rapprochée du même profil répété plusieurs fois du jockey qui saute, curieusement de la part de ce scientifique plus proche de la façon dont les enfants traduisent le mouvement que des recherches simultanéistes et chromatiques post-futuristes. 

On peut dire, qu’à partir de 1950, Lapicque disposait de l’ensemble des éléments qui constitueront dans la suite de son oeuvre, son vocabulaire et sa syntaxe plastiques, et que, à des détails près, les périodes ultérieures se définiront plus par les thèmes traités que par des innovations techniques : on y retrouvera constamment les thèmes de la mer, des bateaux, des musiciens, des chevaux et des courses, auxquels s’ajoutent ceux des navires de guerre – il a été peintre du Département de la marine de 1948 à 1966 ; des figures héraldiques abstractisantes de 1953 ; des paysages vénitiens de 1953 à 1955, peint à la suite de la bourse Raoul-Dufy qui lui fut décernée à la Biennale de Venise en 1953 ; des paysages bretons de 1956 à 1957 ; des thèmes de l’histoire romaine, La Mort de Pompée – La prise de Jérusalem de 1957 à 1958, poursuivis avec des thèmes de l’histoire chrétienne jusqu’en 1950 ; des tigres, des lions et des jungles à partir de 1960 : La matinée d’un seigneur – La vie d’un tigre de 1961 ; du tennis, en 1965, etc ; sans jamais perdre de vue que, au long de l’activité de Lapicque, tous ces thèmes s’entremêlent constamment et se compliquent avec foisonnement d’autres sous-thèmes apportés par les moindres hasards de l’existence, par exemple :  Chocolats – Louis XV  de 1963. L’ensemble de l’oeuvre est très caractérisé par plusieurs constantes qui font que l’on reconnaît un Lapicque, sans aucun risque d’erreur. 

Il eut l’occasion de réaliser quelques travaux monumentaux : cinq décorations pour le palais de la Découverte de l’Exposition internationale de Paris, en 1937, qui lui valurent une médaille d’honneur, des tapisseries : La Route de Nagpour en 1965, il a aussi sculpté Figure granit de 1938 ; il a illustré Appareil de la terre de Jean Follain en 1961, et O et M de Charles Estienne en 1966 ; Temps présumés de Paul Chaulot en 1966 ; CLXXI Proverbes à expérimenter de Jean Guichard-Meili en 1966 ; Les Bijoux indiscrets de Diderot en 1966. François Reichenbach a réalisé un court-métrage en couleurs sur lui et son oeuvre en 1966. Ces lignes écrites, on peut appréhender l’ensemble de l’oeuvre de Lapicque, à peu près « telle qu’elle même ». Elle suscite à la fois irritation et engouements, irritation dans ses ambitions parfois peu convaincantes, engouements dans son évidence et sa générosité. Rien n’y est mesquin, étriqué ; elle est constituée du déroulement d’un inépuisable hymne à la vie sous tous ses aspects et à ses différents niveaux de conscience, depuis la plus pure joie de vivre jusqu’aux préoccupations métaphysiques, très orientées chez lui, comme en témoignent ses écrits, par la fréquentation, nostalgiquement proustienne, de la pensée bergsonnienne. Non sans un certain parti pris, on en vient à penser que l’on goûterait sans réserve cette oeuvre, si, au lieu de prétendre à une prééminence dogmatique qu’elle a su heureusement totalement contourner elle se présentait comme l’imagerie émerveillée et insatiable due au clair regard d’un naïf très, très savant, et qui, en tant que telle, apparaît alors très neuve.

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