Les artistes

Emil Hansen NOLDE

Qui était Emil Hansen NOLDE ?

Né le 7 août 1867 à Nolde (Nord-Schleswig). Mort le 13 avril 1956 à Seebüll (Schleswig). XIX°-XX° siècles. Allemand. Peintre de sujets religieux, compositions à personnages, figures, paysages, marines, graveur, lithographe, sculpteur. Expressionniste. Groupe Die Brücke.

Fils de paysans, les conditions économiques et sociales de sa naissance ne le prédisposaient pas à une carrière artistique, bien qu’il ait manifesté des dons dès ses jeunes années, dons qui le conduisirent tout de même à suivre, de 1884 à 1888, un apprentissage artisanal à l’Ecole de Sculpture de Flensbourg avec Sauermann.

Emil Hansen NOLDE dans le monde artistique

Il travailla ensuite comme sculpteur sur bois, dans des fabriques de Munich et de Karlsruhe. Ce fut à Karlsruhe, environ à partir de 1888, qu’il commença à pratiquer le dessin et la peinture, d’abord au cours du soir, puis à plein temps, à l’Ecole des Métiers d’Art de la Ville. De 1889 à 1892, il vécut à Berlin, dessinant des projets pour la fabrique de meubles Pfaff. En 1892, il fut nommé professeur de dessin et modelage ornementaux au Musée des Métiers de Saint-Gall (Suisse), poste qu’il occupa pendant sept années C’est là qu’il commença dans ses moments de loisirs, à dessiner et peindre à l’aquarelle, des paysages et des visages. En 1894, alors qu’il venait de s’initier rapidement à la lithographie, deux de ses scènes de la montagne, dans la manière de Böcklin, exécutées sous forme de cartes postales, furent reproduites dans la revue Jugend (Jeunesse). Celles-ci obtinrent un tel succès qu’elles furent retirées à part. A l’inverse, sa première peinture à l’huile, Les Géants de la montagne qu’il avait mis deux années à terminer fut refusée à l’exposition annuelle de Munich en 1896.

Le succès des images de la revue Jugend l’encouragea à la peinture en 1898. Refusé à l’Académie des Beaux-Arts de Munich, il fréquenta alors l’académie privée de Friedrich Fehr et, l’année suivante, l’académie privée d’Adolf Hölzel, à Dachau, où il commença à graver à l’eau-forte. En 1899-1900, il fit un séjour de neuf mois à Paris, où il fréquenta l’Académie Julian. En France, il semble qu’il y ait beaucoup plus admiré Daumier, Millet et les réalistes, que les impressionnistes, à l’exception de Manet. Pourtant ses propres productions montreront, au début des années 1900 une certaine influence de la technique impressionniste.

En 1900, il s’installa à Copenhague, rencontra l’actrice et chateuse de variétés Asa Wilstrup avec laquelle il se maria. Ce fut en 1901, âgé de trente-quatre ans, qu’il décida d’abandonner son patronyme pour prendre comme pseudonyme le nom de son village natal, et s’installa à Berlin. En 1902, il fit un voyage dans le Jutland avant de s’établir à Flensburgh. Il envoya des toiles à la Sécession de Berlin qui furent refusées. En 1903, il séjourna dans l’île d’Alsen (Danemark).

Peignant des paysages, il commençait également à imaginer des personnages caricaturaux, dont il trouvait les modèles dans la vie nocturne berlinoise. Il travaillait alors complètement en solitaire et dans une quasi misère, peignant toutefois en compagnie de Schmidt-Rottluf à Alsen en 1906. Les artistes qui avaient fondé le groupe de la Brücke remarquèrent Nolde à son exposition de 1906 à la galerie Arnold, à Dresde, et l’invitèrent à se joindre à eux en 1907, « en hommage à votre tempête de couleurs ». Nolde séjourna donc quelques mois à Dresde. Cette même année, son tableau La Moisson fut accepté par la Sécession berlinoise. Il se sépara au bout d’un an et demi du groupe de la Brücke, son tempérament réputé farouche n’ayant pu supporter très longtemps cette dépendance, pourtant très relative et qui lui avait été sans nul doute salutaire.

Les premiers articles de presse consacrés à Nolde parurent en 1907. Il fit également, cette année, la rencontre de Munch à Berlin. Il se rendit ensuite à Stockholm en 1908. En 1910, le jury dela Sécession de Berlin refusa sa composition La Cène, en même temps que les envois de vingt-six autres artistes, parmi lesquels les membres de la Brücke et ceux de la Nouvelle Association des Artistes de Munich. Nolde, dans une lettre ouverte publiée le 10 décembre dans la revue Kunst und Künstler s’en prit à Max Liebermann qui avait été à l’origine de ce refus. Son exclusion immédiate de la Sécession de Berlin est à l’origine de la création de la Nouvelle Sécession, association qu’il quitta rapidement pour imcompatibilité d’humeur.

En 1911, Nolde fit un voyage en Belgique et en Hollande, au cours duquel il vit une grande quantité de peintures de Van Gogh, recevant un véritable choc, et rendit visite à Ensor. En 1912, il rencontra Macke et Lehmbruck, puis, à l’occasion du Neuer Kunstsalon de Munich, Jawlensky. En 1912, parut également le premier tome de Das Graphische Werk Emil Noldes de Gustav Schiefler. En 1912, le Musée de Halle acquit La Cène. En 1913, Nolde partit avec l’expédition scientifique Külz-Leber, qui gagna le Pacifique, la Polynésie, la Nouvelle-Guinée, par la Russie, la Chine et le Japon. La Première Guerre mondiale éclata pendant son voyage de retour et les tableaux qu’il avait peints dans le Pacifique furent confisqués à Suez. De 1915 à 1921, il reprit l’habitude de passer l’hiver à Berlin et l’été à Alsen.

Après la guerre, il rejoignit le Conseil ouvrier des Arts. Il devint citoyen danois en 1920. En 1921, il fit un nouveau voyage à Paris et en Angleterre. En 1931, il publia une autobiographie de ses débuts, sous le titre de Jahre der Kämpfe (Années de combats) et devint membre de l’Académie prussienne des Beaux-Arts. Bien que membre, dès 1920, du parti national-socialiste (branche du Nord-Schleswig), il fut décrété, en 1937, « artiste dégénéré » par les nazis au pouvoir. Mille cinquante-deux oeuvres furent confisquées, dont trente-neuf, d’entre lesquelles neuf volets de la Vie du Christ, furent exposées à l’exposition de L’Art dégénéré de Munich, qui circula ensuite dans plusieurs villes d’Allemagne.

En 1941, le gouvernement nazi lui intima l’interdiction de peindre. Pendant la guerre son atelier de Berlin fut détruit dans un bombardement aérien. Vivant désormais dans sa propriété de Seebüll, près de la frontière danoise, il fut nommé, après la défaite allemande et la chute du national-socialisme, en 1946, professeur par le gouvernement du Schleswig-Holstein. Un an après sa mort s’ouvrit à Seebüll le Musée Nolde.

Exposition d’Emil Hansen NOLDE

Emil Nolde a participé à des expositions collectives, dont : 1907, exposition de la Brücke, Flensburg, Hambourg, Dresde-Löbtau ; 1912, Exposition universelle de Bruxelles, ses oeuvres religieuses y firent scandale ; 1910, Expositions des Artistes Refusés par la Sécession de Berlin, Berlin ; 1911, Nouvelle Sécession, Berlin ; 1912, deuxième salon du Blaue Reiter, Munich ; 1912, exposition internationale du Sonderbund, Cologne ; 1913, Erbstsalon (Salon d’Automne), Berlin ; 1952, exposition retrospective de la Brücke à la Biennale de Venise, recevant le Prix de la Gravure, consacrant son importante activité dans ces techniques, eaux-fortes, lithographies, bois, particulièrement de 1905 à 1922 ; 1993, un ensemble d’oeuvres figurèrent à l’exposition Figures du Moderne 1905-1914 – L’Expressionisme en Allemagne, Musée d’Art Moderne, Paris, 1993.

Il montra ses oeuvres dans des expositions personnelles : 1906, 1912, 1916, galerie Arnold, Dresde ; 1907, 1910, 1911, galerie Commeter, Hambourg ; 1907, 1912, Folkwang Museum, Hagen ; 1907, Iéna ; 1907, Berlin ; 1908, galerie Cassirer, Berlin ; 1912, Westfälischer Kunstverein, Munster ; 1914, Kunstverein, Halle ; 1919, Kunstverein, Wiesbaden ; 1927, pour son soixantième anniversaire, une exposition jubilaire itinérante fut organisée à partir de Dresde (Hambourg, Kiel, Essen, Wiesbaden), accompagnée de la publication d’un volume de Mélanges, auquel participèrent Klee, Schiefler, Westheim, etc. ; 1937, Emil Nolde, Mannheim, exposition fermée au bout de trois jours par les autorités. Parmi les expositions posthumes : 1957, exposition itinérante : Hambourg, Essen, Munich ; 1963, exposition itinérante : New-York (Museum of Modern Art), San Francisco, Pasadena ; 1964, Marlborough Fine Arts, Londres ; 1965, Museum des 20, Jahrhunderts, Vienne ; 1969, Musée des Beaux-Arts, Lyon ; 1971, Bielefeld ; 1973, exposition rétrospective, Cologne ; 1984, Rome ; 1987-1988, Stuttgart ; 1988, Musée Pouchkine, Moscou ; 1988, Musée du dessin et de l’estampe originale, Gravelines ; 1991, Kunstverein, Wolfsburg ; 1995, Whitechapel Art Gallery, Londres ; 1996, 1867-1956 Aquarelles et gravures, Musée-galerie de la Seita, Paris.

Oeuvres d’Emil Hansen NOLDE

Le tableau Voleurs (1902) est déjà considéré par certains comme révélateur de l’énergie et de la sensibilité originale de Nolde. Vers 1904-1905, l’influence impressionniste se fit évidente dans une suite de tableaux de fleurs et de jardins : Jour de moisson (1904) ; Roses rouges et jaunes (1907). La série de gravures des Phantasiens (1905) est par contre annonciatrice de changements.

Il paraît probable que ce fut à cette époque, dans les expositions berlinoises, que Nolde découvrit pour la première fois les oeuvres d’Edvard Munch, de Van Gogh et de James Ensor, qui exercèrent sur lui une influence décisive et qui l’amenèrent à sa propre manière expressionniste. Déjà avec Paysan (1908), Nolde abandonne le réalisme descriptif au profit d’une exagération de l’expression : touches larges, structurantes, et contrastes de couleurs. Membre de la Brücke en 1907, Nolde s’initia à la gravure sur bois, très en honneur dans le groupe, qui voyait dans la tradition populaire de cette expression artistique l’une des sources les plus authentiques du génie graphique germanique s’inscrivant dans la violence du trait et la crudité de la couleur. Il reprit alors, mais d’une d’une façon plus approfondie, la technique de la lithographie.

Durant l’année 1909, après une grave maladie, il entreprit, à Ruttebül (Schleswig) la première de ses grandes compositions religieuses : La Cène (1909), suivie de La Pentecôte (1909) et Dérision (1909), puis de nombreuses autres les années suivantes. Avec les sujets religieux, son propre expressionnisme prit évidemment un tour très particulier, caractérisant en grande partie son oeuvre.

Expressionniste, il l’était déjà par la rudesse des moyens, par l’agressivité des couleurs en pleine pâte, utilisées pour leur valeur expressive, détachées de tout souci de ressemblance ou d’esthétique : dans Dérision le Christ a un visage jaune et vert, des yeux bleus, une bouche rouge, et des mains surdimensionnés. Il accentue cette expression tragique, caractéristique, selon les thèses de Worringer, de la destinée et de l’âme des peuples germaniques. Nolde confia lui-même être « resté presque effrayé » devant l’une de ses peintures religieuses. Ce qui singularise son expressionnisme, c’est qu’il l’a appliqué à l’histoire chrétienne et à une vision personnelle du monde, plus tournée vers la dénonciation du mal et du malheur que vers une rédemption, rejoignant en cela le christianisme d’un Rouault.

Retiré très souvent à Alsen, il continua cependant d’y peindre des paysages et des marines empreints de nostalgie (Mer d’Automne XI : côte et ciel orangé, 1910), sinon de tragique (La Mer III, 1913), interprétant inlassablement cette relation visuelle à la fois tangible et palpable, « primitive », de la mer et du ciel.

Personnage hautement contradictoire comme beaucoup d’expressionnistes, Nolde défendait un certain ordre naturel des choses, contre les progrès techniques et l’urbanisation des villes, tout en étant fasciné par leur réalité. Ainsi, en 1910, au cours d’un séjour à Hambourg, il peignit des sujets portuaires et grava des eaux-fortes (dix-neuf). De même, à Berlin, où de 1900 jusqu’en 1940, il passa presque tous les hivers, il prenait des notes dessinées dans les cabarets, les théâtres et les boîtes de nuit : « Je dessinais cet à côté de la vie avec maquillage, sa saleté brillante et sa corruption ». A la suite de sa visite à Ensor en 1911, il peignit des natures mortes aux masques, les juxtaposant dans ses compositions avec des masques d’autres sociétés humaines, africaines, océaniennes, dessiné au Musée ethnographique de Berlin et traduisant, selon lui, une « expression intense et souvent grotesque de l’énergie de la vie ».

L’année 1912 fut très riche en oeuvres majeures : Triptyque de Sainte Marie l’Egyptienne, d’un expressionnisme agressif avec la Sainte Marie l’Egyptienne sous l’aspect d’une ribaude débraillée, Résurrection, Le Soldat et sa femme, et surtout La Vie du Christ en neuf volets, La Crucifixion occupant le centre.

Au total, la période entre 1909 et 1912, qui voit les fondements de son art s’établir et sa thématique définie, est celle d’une très grande production à la fois qualitative et quantitative : Nolde peignit même jusqu’à quatre-vingt-quatre tableaux en 1910. Ses études passionnées des peuples primitifs le confirment dans sa recherche de cette « énergie de la vie » liée à « l’être originel ». Il participe en amateur éclairé à l’expédition Külz-Leber du bureau colonial de l’Empire en 1913. S’il évoque dans ses commentaires la nostalgie, source d’un bonheur vrai, d’une union originelle entre l’être et la nature, Emil Nolde dépeint très différemment de Gauguin les indigènes. Sous l’effet d’un romantisme expressionniste, ils sont chez lui, de part la présence de l’homme blanc européen – « Nous sommes le malheur des peuples primitifs », – en proie à une possession presque démoniaque, qu’il exprime par la simplification brutale, la déformation caricaturale et la couleur agressive. A partir de 1914, si son style évolue peu, employant avec néanmoins plus de franchise les contrastes de couleurs, il peindra encore nombre d’oeuvres capitales. En 1915, c’est par exemple La Mise au tombeau et le Jugement dernier. Dans ses dernières années, il tira plusieurs peintures des nombreuses aquarelles peintes clandestinement pendant sa période d’interdiction (1938-45), aquarelles représentant des fleurs et des paysages animés qu’il appelait ses « peintures non peintes », peut-être également par allusion avec le procédé d’écriture automatique dont elles tirent formellement partie. Ses aquarelles mises à part, son oeuvre comprend, au total, entre 1896 et 1951, mille cent douze tableaux, deux cent trente et une eaux-fortes, cent quatre-vingt-dix-sept bois et quatre-vingt-trois lithographies.

Qu’il ait peint quelques rares portraits, des fleurs flamboyantes dans la suite des tournesols de Van Gogh, des paysages dramatiques sous des éclairages de cataclysme, des masques grotesques, les personnages d’une humanité primitive aussi bien par leur appartenance ethnologique que par la rusticité de leurs moeurs, vagabonds et filles faciles ou des transcriptions personnelles de l’histoire sainte, Nolde s’est toujours montré l’un des plus parfais représentants de l’expressionnisme allemand : « éloigné de la clarté intellectuelle de l’homme classique, prenant ses origines dans le domaine du subconscient, où la personnalité s’exprime en premier lieu par la vision », écrit à son sujet son ami Paul Klee.

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