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Jean DE BOLOGNE
Qui était Jean de BOLOGNE ?
Né en 1524 à Douai. Mort le 14 aout 1608 à Florence. XVI siècle. Italien. Sculpteur de groupes, figures.
Il semble que le véritable nom de ce sculpteur, originaire de Douai, était Jean Boulongne, mais alors qu’il travaillait à Florence, le pape Pie IV lui demanda d’édifier dans la ville de Bologne une fontaine de Neptune (1563-1567), ce qui provoqua une confusion entre son patronyme et le nom de la ville où il avait créé un de ses premiers chefs-d’oeuvre.
Jean de BOLOGNE dans le monde artistique et oeuvres
Ayant reçu une première formation dans l’atelier de Jacques du Broeucq, à Mons, il alla étudier en Italie, où il séjourna pendant deux années à Rome, travaillant sans doute sous la direction de Michel-Ange. Sur le chemin du retour dans les Flandres, il s’arrêta à Florence, vers 1556, où il connut le mécène Bernardo Vecchietti, qui l’hébergea dans son palais, le présenta à Cosme et François de Médicis qui le retinrent par des commandes. En 1560, il leur soumit un projet pour la fontaine de Neptune, de la Piazza della Signoria. Luc Benoist écrit que ce projet, bien qu’ayant entrainé le début de sa réputation, ne fut pas retenu, considéré comme trop dispendieux, et que la fontaine qui fut exécutée, et qui est celle qui existe actuellement, est d’Ammanati. Il est probable que le Neptune lui-même, parfois attribué à Michel-Ange, est d’Ammanati. Quant aux naïades du bassin, elles étaient, vers 1950 à Florence même, encore attribuées à Jean de Bologne.
On connait mal ses oeuvres antérieures. En 1558, il avait été chargé de sculpter les armes ducales dans la salle du Grand Conseil, ce dont il s’acquitta avec un succès tel que les ducs se l’attachèrent et que sa réputation à la cour éclipsa presque celles d’Ammanati et de Benvenuto Cellini. Dans le temps qu’il érigeait le fontaine de Neptune de la Piazza Nettuno de Bologne, il exécuta plusieurs statuettes de Mercure, qui aboutirent à celle qui fut envoyée, en 1564, à l’empereur d’Allemagne Maximilien II, et au mercure, dit de Médicis (Florence, Bargello), dont l’envol est d’un mouvement et d’une légèreté remarquables. La recherche du mouvement caractérise d’ailleurs toute son oeuvre, et tout d’abord les groupes de Florence victorieuse de Pise (plâtre, 1565, marbre, 1570) et de Samson tuant un Philistin (1565-1568). Puis il sculpte la Fontaine de l’Océan (1567-1576) pour les jardin Boboli, et qui représente l’océan entouré du Nil, du Gagne et de l’Euphrate. En 1567, il sculpte encore la célèbre Venus de la villa de la Petraia, près de Florence, aux formes voluptueusement développées, et la Venus, plus pudique, dite de Grotticella, dans les jardins Boboli (1570).
Il travaille aussi pour l’église : autel de marbre, dit de la Liberté, pour le Dôme de Lucques (1577-1579), dont le Christ n’échappe pas à sa recherche de la grâce physique ; reliefs de bronze pour les chapelles Grimaldi à Gênes (1579-1585) et Salviati à Florence (1579-1589). Poursuivant sa recherche du mouvement développé dans l’espace et multiplié dans des figures groupées, il sculpte L’Enlèvement des Sabines (1579-1583) de la Loggia dei Lanzi à Florence, et dont le Victoria and Albert Muséum de Londres conserve, avec d’autres, le modèle en cire qui révèle mieux que l’original, le modernisme de la recherche du mouvement, présageant à travers les siècles certaines réalisations de Pigalle et l’une des réflexions fondamentales de Rodin.
Jean de Bologne est le seul sculpteur du XVIe siècle, de qui l’on ait conservé une grande quantité des modèles originaux pour les fontes, surtout au Victoria and Albert Museum. Architecte, il s’est toujours montré soucieux de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’environnement » de la sculpture, ainsi dans sa chapelle Salviati de San-Marco à Florence et dans son Apennin, dans le parc de Pratolino, où la figure colossale aux frondaisons « et à l’onde s’allie ». Puis viennent plusieurs oeuvres religieuses, le groupe d’Hercule et le centaure Nessus (1594-1599) dans la Loggia dei Lanzi, la Statue équestre de Cosme Ier de la Piazza della Signoria, qui entrant les commandes de la Statue équestre de Ferdinand Ier de Médicis (1601-1608) de la Piazza Annunciata, de celle, à la demande de Marie de Médicis, d’Henri IV, qui était destinée au Pont Neuf de Paris (commencée en 1604, et dont des fragments sont conservés au Musée du Louvre), et de celle de Philippe III d’Espagne (commencée en 1606). Ces dernières heures furent achevées et érigées par ses élèves Francavilla et Pietro Tacca.
Style(s) et technique(s) de Jean de BOLOGNE
Jean de Bologne appartient à la Renaissance, mais à celle du XVIe siècle. Tandis que Michel-Ange créait un style néo-classique, qui devait peut-être plus à Rome qu’à la Grèce, et dont l’exacerbation du mouvement par l’extériorisation de la force musculaire allait donner l’art baroque, Jean de Bologne créait parallèlement un style qui allait également gagner toute l’Europe du XVIe siècle et tout particulièrement la France, qui ne se montrera sensible au baroque que pendant le XVIIe siècle. Des artistes de la suite de Jean de Bologne, on a pu dire qu’ils étaient des « maniéristes ». Négligés par les uns, admirables pour les autres, selon qu’est reçu ou non ce si caractéristique allongement démesuré des formes. C’est évidemment un art décadent, il en avait été de même en Grèce, quand Praxitèle avait délaissé la majesté pour la grâce, recourant de la même façon à l’alanguissement des poses, à l’étirement des membres. Jean de Bologne est du siècle du Primatice et de Jean Goujon. Elie Faure, qui ne fait pas grand cas de Jean de Bologne, mais qui par contre admire Jean Goujon, dit de celui-ci qu’il « est comme un trait d’union entre la France exilée en Italie avec Jean Bologne et l’Italie exilée en France avec Primatice et Rosso ». Cette sublimation des formes du corps humain n’est pas seulement une mode éphémère et superficielle, une « manière », un formalisme, elle traduit un amour sensuel et panthéiste du corps humain. C’est pour l’intégrer et l’identifier aux lianes, aux algues et au vent que ces artistes l’ont étiré et ployé. C’est pour le libérer de toute matière, autre que celle qui s’adresse aux sens, qu’ils l’ont aminci de tout poids qui n’éveille pas la sensualité. C’est pour nous le rendre inaccessible par un effet de perspective, pour le déifier ce corps, qu’ils en ont exagéré les proportions, telles qu’on n’en aperçoit la tête, petit au bout du cou flexible, d’épaules étroites et de longs bras puissants pour enlacer, que très haut par delà un monument rugissement de cuisses, de croupe et de seins, les pieds tenus n’effleurent qu’à peine la terre.