Les artistes

Kees VAN DONGEN

Qui était Kees Van DONGEN ?

Né le 26 janvier 1877 à Delfshaven (près de Rotterdam). Mort le 28 mai 1968 à Monaco. XX° siècle. Depuis 1900 actif et depuis 1929 naturalisé en France. Hollandais. Peintre de genre, figures, portraits, paysages animés, paysages, fleurs, aquarelliste, dessinateur, illustrateur. Fauve. Groupe du fauvisme.

Kees Van DONGEN dans le monde artistique, style(s), technique(s) et oeuvres

Son père le plaça d’abord dans une école de dessin industriel et d’art décoratif de Rotterdam. Il fut ensuite, en 1894-1895, élève de J. Striening et J.G Heyberg à l’Académie des Beaux-Arts de Rotterdam. Ses premières peintures de cette époque étaient signées C. Van Dongen et, à partir de 1896, il publiait des dessins, souvent consacrés aux filles publiques, dans des journaux locaux, notamment le Rotterdamsche Nieuwsblad, où ils firent scandale. Après un voyage à New-York, en juillet 1897 il fit un premier séjour à Paris, habitant chez Siebe Ten Cate, qui l’introduisit auprès des marchands Le Barc de Bouteville et « le père Soulier ». Toutefois, le manque de ressources l’obligea à des métiers d’expédients : porteur aux Halles, déménageur (il était un colosse), portraitiste à la terrasse des cafés, lutteur professionnel. En mars 1900, il s’installa définitivement à Paris.

En 1901, il se maria avec sa camarade des Beaux-Arts, Augusta Preitinger, dite Guus. En 1905, naquit sa fille Augusta, surnommée Dolly.

En 1905-1906, il se lia avec Picasso, sans que cette amitié ait eu quelque influence sur sa propre évolution, s’installa au Bateau-Lavoir, où vivaient aussi Pierre Mac-Orlan, André Salmon, Max Jacob et que visitaient Appolinaire qui ne l’aimait guère, Derain, Vlaminck et bien d’autres. Ce fut avec Picasso qu’il fréquenta le cirque Médrano, d’où il rapporta ses peintures de clowns et d’acrobates. Fernande Olivier, alors compagne de Picasso, lui servit souvent de modèle.

De 1910 à 1912, il effectua plusieurs séjours en Espagne, Italie, Maroc, Tunisie, Egypte. En 1916, séparé par la guerre de sa femme et sa fille, van Dongen, s’installa à la villa Saïd, qui devint aussitôt un rendez-vous obligé pour ce qui comptait à Paris, et surtout l’atelier où furent peints la plupart des grands portraits mondains, d’autant que sa nouvelle compagne, Léo Jasmy Jacob, l’avait introduit dans cette société restreinte qu’on dit abusivement « le monde ».

Entre 1920 et 1930, il partagea son temps et son activité entre Cannes, Deauville, Venise et Paris. En 1921, il fit un voyage à Venise. En 1922, il s’installa dans un somptueux hôtel particulier, 5 rue Juliette-Lamber.

L’atelier du premier étage était son lieu de travail. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1926. En 1935, il transféra son atelier parisien au 75 rue de Courcelles. En 1938, il se lia avec Marie-Claire, qui lui donna un fils, Jean-Marie. Son activité fut intense jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale; elle fut alors ralentie. Après la guerre, il abandonna les grands formats.

Il peignit de nouveaux portraits, dont celui de la comédienne Brigitte Bardot. Il partagea son temps entre Paris, Deauville et le midi, où, à Monaco, il s’était installé depuis 1959 avec sa nouvelle compagne et son fils. Il participait à des expositions collectives : à son arrivée à Paris, il montra quelques toiles chez « le père Soulier »; en février 1904, il exposa six peintures au Salon des Artistes Indépendants, aussitôt remarquées par la critique; il se lia avec Vlaminck et Derain; en novembre de la même année, il exposa deux peintures au Salon d’Automne avec deux peintures, dans la salle historique de la « Cage aux Fauves ».

En 1907, il signa un contrat avec Kahnweiler, en 1908 avec la galerie Bernheim jeune dirigée par Felix Fénéon. Kahnweiler avait diffusé sa peinture en Allemagne et lui fait connaître le peintre Pechstein, qui l’introduisit auprès des peintres de la Brûcke. En 1908, il fut invité à participer à une exposition de la Brûcke, sans doute à Munich, et peut-être à d’autres, ce qui reconnaissait, en-deçà de son appartenance au fauvisme, son apparentement d’homme du Nord à l’expressionnisme. En 1908-1909, à Moscou, il exposait avec le groupe de la Toison d’or; en 1909-1910 à Odessa, Kiev, Saint-Saint-Pétersbourg, Riga, il exposait au Salon Izdebsky. Au Salon d’Automne de 1913, une de ses peintures, intitulée innocemment Tableau, fut jugée obscène par le Préfet de Police et retirée de l’exposition. Il s’agissait du grand nu, d’après sa femme Guus, successivement appelé Nu aux pigeons, Mendiant d’amour, Le châle espagnol, Nu au châle jaune. En 1928, il participait à l’exposition de peinture française contemporaine à Moscou. Jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, il continua de participer aux Salons annuels parisiens et d’exposer dans de nombreux pays du monde entier.

Son oeuvre était représenté en 1979 à l’exposition : Paris Moscou, au Centre Georges Pompidou de Paris. Son oeuvre bénéficia surtout d’expositions personnelles : en 1904, Ambroise Vollard lui organisa une véritable exposition rétrospective, réunissant 105 œuvres de 1892 à 1904, qui aurait été un succès, malgré les audaces des colorations exacerbées ; en 1905, expositions personnelles, galeries Berthe Weil et Druet ; en 1913 à Paris, galerie Bernheim jeune ; 1914 Berlin, galerie Cassirer ; 1918 Paris, galerie Paul Guillaume ; 1921, 1925 Paris, galerie Bernheim jeune ; En 1922, il rompit avec toutes les galeries et devint son propre marchand, organisant ses expositions dans l’atelier du rez-de-chaussée, visitées par le  » Tout Paris », amalgame de membres de familles couronnées, d’anarchistes, de peintres fauchés et de milliardaires, et quand même par les amateurs internationaux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il eut une grande exposition rétrospective à la Galerie Charpentier. Après la guerre, les expositions recommencèrent à Paris, aux Etats-Unis, dans le monde entier, une exposition rétrospective en Hollande en 1949 et une nouvelle à la Galerie Charpentier de Paris. En 1967, un an avant sa mort, le Musée Boymans van Beuningen d’Amsterdam et le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris organisèrent une vaste exposition rétrospective de l’ensemble de son oeuvre. A titre posthume, des expositions ont été présentées : 1990 Musée Boymans van Beuningen d’Amsterdam et le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, manifestations gommant volontairement toute l’époque d’après la guerre de 1939-1945 ; 1997 Van Dongen retrouvé au Musée des Beaux-Arts de Lyon et Institut néerlandais de Paris.

Ses difficultés personnelles de jeunesse l’avaient placé en situation de comprendre les misères sociales engendrées par l’ère industrielle et lui, qui devait devenir le portraitiste obligé du monde fortuné, consacra une partie de son travail à dessiner les exclus de la société. A son arrivée à Paris, il se lia avec le critique Félix Fénéon, éditeur de la Revue blanche, qui lui fit connaître les peintres pointillistes Maximilien Luce, Edmond Cross et Signac, qui l’influencèrent quant à la technique picturale. Pendant cette période, en partie occupée à des croquis rapides de personnages typiques des rues de Paris, il était surtout influencé par le trait incisif des Steinlen, Forain, Toulouse-Lautrec, influences qui contribuèrent à la simplification synthétique de son dessin. De 1901 à 1903, il collabora aux publications illustrées de l’époque : Rabelais, Le Rire, L’Indiscret, Gil Blas, Frou-Frou, et évidemment à la Revue Blanche. Dès 1901, un numéro spécial de L’Assiette au Beurre : Petite histoire pour petits et grands nenfants fut consacré à ses seuls dessins, qui lui furent payés 800 francs. Entre 1895 et environ de 1912, une partie de son oeuvre, principalement les grands dessins sur papier, semble vouée à la dénonciation de la misère, de l’alcool, de la prostitution. Toutefois, c’est à son époque fauve qu’il doit sa place historique, d’autant plus que cette période fauve, en ce qui le concerne, fut relativement longue, poursuivie pendant huit années, pendant lesquelles il restera indifférent au phénomène cubiste. Dès son Autoportrait et La Chimère Pie de 1895, la violence de sa palette s’inscrivait dans le préfauvisme. Georges Duthuit, historien du fauvisme et gendre de Matisse, a écrit : « Van Dongen a suivi de loin les recherches fauves, à moins qu’il ne les ait devancées dès 1895, sans y faire attention ». Lors de l’époque fauve, ses nus sensuels, ayant souvent pour modèle « Anita, la gitane », attirèrent l’attention des critiques, au mieux de Félix Fénéon, ou alors de Louis Vauxcelles les disant, hors de propos, « les plus rayonnants, les plus chaleureux depuis Renoir ». avec lequel il n’avait rien en commun.

L’une des deux peintures qui figurèrent, en 1905, dans la « cage aux fauves » du Salon d’Automne, était un Torse d’après sa femme Guus, « bestial et resplendissant » selon Elie Faure. Joliment, Gustave Coquiot écrivit que Van Dongen avait découvert que la femme était le plus beau des paysages.

Dans cette année 1905, pendant laquelle eurent lieu les expositions chez Berthe Weil et chez Druet, la facture de certaines de ses peintures etait encore, depuis 1903, influencée par la touche divisée des néo-impressionniste, « …dans une rétrospective de Seurat, j’était capable de reprendre sa manière et d’y ajouter quelque chose », influence qu’il abandonna résolument et pour longtemps, devant n’y revenir que parfois dans ses ultimes années. Il ne peignait pas que des nusdans cette période fauve, mais des personnages du spectacle, clowns et danseuses, et bientôt de nombreux portraits. Après la naissance de sa fille, en 1905, il en fit de nombreux et tendres portraits : La naissance de Dolly, Guus et Dolly portées aux nues.

A Venise en 1921, il peignit la série des vingt et un tableaux, parmi lesquels : L’Américaine à Venise, Le gondolier.

Aprés 1922, dans l’atelier de la rue Juliette-Lamber, il continua la série des grands portraits : La Comtesse de Noailles, Le Président Louis Barthou, Le Président Paul Painlevé, L’Aga Khan, Le roi Léopold III, les comédiens Maurice Chevalier, Jules Berry, Arletty dont la gouaille grandiose se prêtait particulièrement à la typologie dongenienne, et bien d’autres. Il peignait aussi des paysages de Paris, Versailles, Venise, Deauville, Cannes, d’Egypte, et des fleurs. Ne pratiquant plus la touche divisée, il en remplaçal’éclat optique par les couleurs pures et hautes du fauvisme.

Dans ses années de fidélité aux préceptes fauves, n’usant que des couleurs fondamentales, il renonça aux dégradés, au modelé des volumes, à la profondeur de champ, privilégia les contrastes chromatiques violents et le dessin cloisonné par de longues arabesques sinueuses. Quant à cette radicalité du dessin en arabesques à-plat et de la couleur pure en aplats, Van Dongen se montrait beaucoup plus violent dans le fauvisme que Matisse, qui, au même moment, raffinait encore avec  La joie de vivre et Luxe. Dans cette période, l’observance de la règle fauviste concernant le « fait plastique » en lui même, ne l’empêcha pas de rester le moraliste cinglant, héritier de Daumier et Toulouse-Lautrec, ni de porter parfois un regard ébloui du côté de Klimt : Portrait de Guus assise en bleu en 1910, d’une collection privée de Lausanne. En fait, peut-être ne fut-il un des fauves que parce que le fauvisme adhérait exactement à son expression naturelle et antérieure.

Il fut facilement l’un des fauves parce qu’il était d’abord un expressionniste, qu’il resta  après que le fauvisme se fût dissocié et dilué dans diverses conventions. Après sa période fauve proprement dite, sa manière évolua aussi, insensiblement, la gamme colorée devenant plus raffinée, les gris y apparaissant, les arabesques de son dessin s’étirant jusqu’au maniérisme.

A partir de 1918, les commandes de portraits commencèrent d’affluer de la part de diplomates, hommes politiques, aristocrates. En 1925, de ses portraits mondains Paul Gsell écrivait : « Tels de ses portraits sont des témoignages narquois et féroces. Tant pis pour les modèles, Van Dongen est un puissant ironiste, un moraliste pénétrant… » Il pouvait se permettre alors, en 1920, de peindre un Anatole France en accusant les marques de vieillesse de l’académicien, un Boni de Castellane en faisant apparaître plus le noceur usé que le dandy prolongé, que Cocteau décrivit comme une synthèse de  » la morgue, la superbe, la frivolité grandiose d’un crépuscule des dieux ». Quant aux portraits féminins, il peignait à larges coups de brosse, étalant grassement le noir du khol, le bleu des paupières, sur les tons de chair aux ombres vertes et violettes, faisant transparaître, provocants, seins, reins et jambes sous les tulles indiscrets, ne résistant pas à utiliser le truc des dessins humoristiques, en concrétisant l’éclat des diamants des bagues et boucles,  l’éclat des perles des colliers, dont se parsemaient ses modèles, par de violents rayons blanc pur contrastant sur les fonds colorés, tirés d’un trait, projetés loin des bijoux. Il était alors l’anti-Jean-Gabriel Domergue. Loin de flatter ses modèles, il les chargeait, laissant deviner la vulgarité sous l’apparence mondaine. Le prestige de son personnage auprès du snobisme parisien réussissait ce que son talent n’aurait, incompris, pas obtenu de ses clients : la satisfaction de se voir ridiculisé.

A la même époque, les marines de Deauville, les scènes parisiennes, montraient, aussi et encore, à la fois le même regard caustique sur une société aussi voyante que douteuse et la même verve picturale talentueuse, tandis que, hors portrait, avec Homme bleu et femme rouge, Quiétude de 1918, de la même collection privée de Lausanne citée plus haut, gardés par un chien assoupi et un singe moqueur, couvés par deux perruches inséparables, il peignait allongés côte à côte deux nus tête-bêche, qu’aurait pu signer Matisse de La Danse. Ce parti d’un dessin synthétique, d’une palette d’aplats de tons purs et arbitraires, d’une volonté décorative, se trouve dans quelques œuvres de la même période : dès 1914 avec Amusement, et La chute d’Icare de 1922.

De Van Dongen illustrateur, on ne s’étonne pas qu’il ait, dans la dernière partie se sa vie, outre trois contes de Kipling, quelques romans, illustré La princesse de Babylone de Voltaire, Les Fleurs du mal de Baudelaire et toute A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Puis, sans doute sous la pression d’une demande toujours aussi dense, par lassitude ou par abandon, il édulcora sa manière ou plutôt son regard sur les êtres, et singulièrement sur les femmes, qu’il fascinait autant qu’elles le fascinaient, et qui demeuraient de beaucoup la part importante des commandes de portraits. Elles se voulaient toutes également proches du type de beauté décrété à la mode du moment, représenté surtout par son modèle favori, la comtesse Casati, norme à laquelle d’ailleurs le maquillage uniformisant les rapprochait, il leur attribua les mêmes yeux démesurés et cernés de cils noirs, la même bouche sensuellement entrouverte sur les dents éclatantes, le meme corps aminci, étiré, moulé, deviné sous d’impalpables toilettes rehaussées de bijoux voyants. Le maniérisme avait supplanté l’acuité psychologique. Jusqu’au terme d’une encore longue vie,il répéta ses quelques mêmes thèmes, la femme, le portrait, les scènes mondaines, les fleurs, avec de moins en moins de conviction, de plus en plus de conformisme. Restera le Van Dongen du Fauvisme.

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