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Suzanne VALADON
Qui était Suzanne VALADON ?
Née le 23 septembre 1865 à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne). Morte le 7 avril 1938 à Paris. XIX°- XX° siècles. Française. Peintre de figures, nus, paysages, paysages urbains, natures mortes, dessinatrice, pastelliste.
Suzanne VALADON dans le monde artistique
Entre 1865 et 1870, Suzanne Valadon et sa mère déménagèrent à Paris. Elles habitèrent d’abord le quartier de Bastille, puis la butte Montmartre. La mère faisait des ménages, la fille, Suzanne, fut instruite dans une école religieuse jusqu’en 1876, année où elle fut renvoyée pour mauvaise conduite. Elle entra comme apprentie dans un atelier de confection, chez un fleuriste, puis sur un marché en plein air. Elle était déjà passionnée par le dessin. René Barotte écrivait dans la précédente édition de ce dictionnaire: « Elle a raconté à Robert Rey, à l’aide de morceaux de braisette que lui donnait un charbonnier, elle traçait de fougueuses académies sur le trottoir de la place Vintimille. Elle a même confié à l’écrivain: Je n’y comprends rien quand j’y songe, moi qui ne serais pas capable aujourd’hui de dessiner de mémoire un sucrier. » Plus tard, Suzanne Valadon s’entraîna à devenir acrobate, mais une chute de trapèze la contraignit de s’arrêter. Ensuite, pour gagner sa vie, elle devint modèle à quinze ans. Elle posera pour Puvis de Chavannes (Le Bois Sacré), Renoir (La danse à la ville; Les grandes baigneuses), Toulouse-Lautrec (La Buveuse ou Gueule de bois), Henner (Mélancolie), Wertheimer (Le Baiser de la Sirène), Vojtech Hynais et Hector Leroux. Son nom de modèle était Maria, son prénom d’artiste sera Suzanne. Son fils, né le 25 décembre 1883, fut reconnu en 1891 par un Espagnol, Miguel Utrillo y Morlius, peintre et biographe du Greco, qui ne voulut pas laisser l’enfant sans état civil. Cependant la véritable paternité de Maurice Utrillo n’est pas établie. Elle fut tour à tour attribuée à Puvis de Chavannes, Renoir ou Boissy. Quant au talent de Suzanne Valadon, René Barotte écrivait: « Lautrec fut sans doute le premier qui s’émerveilla devant certaines études de nus qu’elle lui montra presque en cachette. Un peu plus tard, Degas allait à son tour pressentir le talent de la jeune artiste; il ne perdit jamais de vue celle qu’il appelait la terrible Maria et à laquelle il écrivait encore en août 1894: « J’ai voulu acheter hier chez De Bouteville votre dessin excellent mais je n’en savais pas le prix, venez vite avec votre carton pour voir si vous n’avez pas quelque chose de mieux. Vous savez combien j’aime à voir ces gros traits si souples. » Cette même année, Degas acheta une de ces cinq oeuvres exposées au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, ce fut le début d’une longue amitié. Il lui enseiga également la gravure en taille-douce sur sa propre presse. En 1896 Suzanne se maria avec le fortuné agent de change Paul Mousis en 1913. Avec Utter, elle vécut dans le milieu de Salmon, Max Jacob, Mac Orlan, Derain, Apollinaire. En 1924, elle signa un contrat avec la galerie Bernheim Jeune. En 1933, elle adhéra au groupe des Femmes Artistes Modernes (F.A.M) avec lequel elle exposa jusqu’à sa mort.
Elle a participé à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles: 1894, Société Nationale des Beaux-Arts, Paris; 1907, galerie Eugène Blot, Paris; 1909, 1910, 1911 et régulièrement, Salon d’Automne, Grand Palais, Paris; à partir de 1911 et régulièrement, 1926 (rétrospective), Salon des Indépendants, Paris; 1917, Utrillo, Valadon, Utter, galerie Berthe Weill, Paris; 1920, Deuxième exposition de la jeune peinture française, galerie Manzy Joyant, Paris; 1921, La Jeune peinture, Palais d’Ixelles; 1927, 1928, Salon des Tuileries, Paris; à partir de 1933 et régulièrement, Salon des Femmes Artistes Modernes, Paris. Après sa mort: 1940, XXII° Biennale Internationale des Beaux-Arts, Paris; 1949, Les grands courants de la peinture contemporaine de Manet à nos jours, Musée des Beaux-Arts, Lyon; 1964, Documenta, Kassel; 1969, 14° Salon de Montrouge; 1976, Women Artists (1550-1950), Los Angeles County Museum of Art.
Expositions de Suzanne VALADON
Elle a montré ses oeuvres dans des expositions personnelles, dont: 1911, la première, galerie Clovis Sagot; 1915, 1919, 1927 (rétrospective), 1928, galerie Berthe Weil, Paris; 1922, 1923, 1929, galerie Bernheim Jeune, Paris, 1928, galerie des Archers, Lyon; 1929, 1937, galerie Bernier, Paris; 1931, 1932, galerie Le Portique, Paris; 1931, galerie Le Centaure, Bruxelles; 1932, rétrospective avec préface d’Édouard Herriot, galerie Georges Petit, Paris. Expositions posthumes: 1938, 1942, 1947, 1959, 1962, galerie Pétridès, Paris; 1939, 1947, galerie Bernier, Paris; 1948, Hommage à Suzanne Valadon, Musée National d’Art Moderne, Paris; 1956, The Lefevre Gallery, Londres; 1967, Musée National d’Art Moderne, Paris; 1996, Suzanne Valadon, Fondation Pierre Gianada, Martigny.
Une fois que sera reconnu, dans les années vingt, le talent de Suzanne Valadon, sa vie commencera à passionner nombre de commentateurs, en particulier sa vie sentimentale et ses relations avec son fils, le peintre Maurice Utrillo. Lorsqu’elle montra des tableaux de 1909 à 1911, aux Indépendants, elle n’intéressa guère en effet la critique. Seul Tabarant la défendit. Parmi les autres personnalités qui suivirent son travail, citons Robert Rey qui écrivit sa première monographie en 1920, Francis Carco, Gustave Coquiot et Edouard Herriot. Artiste autodidacte, elle apprit pour ainsi dire la peinture lors de ses séances de pose. Son Autoportrait au pastel qui date de 1883 est sa première oeuvre connue. Entre 1884 et 1890, elle réalisera nombre de dessins (crayons, sanguines, fusains): des portraits, des autoportraits, des scènes familiales et des nus, de jeunes filles et d’enfants, dont ceux de son fils Maurice Utrillo. De 1892-1893 date le portrait d’Erik Satie avec qui elle entretint une liaison. Dès cette époque, son style possède déjà cette fermeté du trait qu’accentuent les cernes dessinant les figures. C’est entre 1903-1908 qu’elle exécute ses premiers tableaux, de grands nus féminins campés dans des intérieurs sobres. Son véritable maître sera Degas dont elle reprend d’ailleurs certains thèmes comme les femmes à la toilette, les nus couchés ou les scènes d’intérieur. Sa recontre avec Utter modifie son oeuvre. Il l’incite davantage à peindre. Entre 1883 et 1909, on connaît moins de vingt peintures et quantité de dessins et pastels, entre 1909 et 1938 quatre cent cinquante huiles. Seule femme admise à la Société Nationale des Beaux-Arts en 1894, elle est une des premières femmes peintres à clairement nommer le plaisir de l’amour physique: Adam et Eve (1909) – tableau à propos duquel la censure du Salon lui demandera de masquer le sexe masculin d’Adam (André Utter) -, La joie de vivre (1911) et Lancement du filet (1914) sont parmi les tableaux les plus évocateurs. Mis à part les nus figurant André Utter en peinture et dessin (1909-1914), Suzanne Valadon privilégiera cependant l’observation de la morphologie du corps féminin dépeint souvent de manière sculpturale et sans complaisance. Elle exécute vers 1913 des scènes de genre avec plusieurs personnages. Entre 1918 et 1938, elle varie ses thèmes: une belle série de nus et baigneuse vers 1923, des vues de paysages et du château Saint-Bernard, près de Lyon – qu’elle acquit sur un coup de tête -, et des natures mortes vers 1927-29. Elle eut plusieurs commandes de portraits , tous exécutés sans idéalisation aucune. Son dernier autoportrait date de 1931, elle s’y représente le corps flétri, les yeux absents (Autoportrait aux seins nus). On perçoit dans quelques unes de ses oeuvres l’influence de l’espace cloisonniste de l’École de Pont-Aven, effet sans doute accentué par l’utilisation constante de cernes. La gamme chromatique utilisée est souvent composée de teintes contrastées (Nu à la draperie rouge, vers 1914), particulièrement dans ses natures mortes de fleurs (Bouquet dans un vase Empire, 1920) et pour La chambre bleue, de 1923. Sa palette ira d’ailleurs en s’élargissant. René Barotte écrivait encore dans la précédente édition du dictionnaire: « Peintre plein de force, elle a laissé un oeuvre plus mâle que celui de beaucoup d’hommes. On peut retenir cette belle pensée de l’artiste: Chacun peint comme il voit, ce qui revint à dire, chacun peint comme il peut. Consciente de son talent longtemps méconnu, en visitant un jour le Louvre avec Utter, son mari, elle lui confia: « J’aurai peut-être plus tard ma place içi. » Il ne semble pas qu’elle se soit trompée.