
Art Déco
L'Exposition internationale des arts décoratifs, qui se tint à Paris en 1925, a laisse son nom au style qui s'étend, en résumé, de la Première Guerre mondiale à 1938. En fait, cette exposition était en projet dès avant 1914, et la réaction contre les maniérismes outranciers de l'Art nouveau avait été sensibles dès les années 1910. La Grande Guerre et les bouleversements sociaux et économiques qu'elle entraina dirigèrent ensuite le mouvement vers la conception d'un autre art de vivre.
Qu'est-ce que le mouvement Art déco ?
L'Art déco est la parfaite antithèse de l'Art nouveau. Aux surcharge décoratives, aux sinuosités, aux couleurs troubles chères aux théoriciens du "1900", les adeptes du "Déco" opposent la ligne droite, les volumes cubiques, le dépouillement extrême et les oppositions franches de couleurs. La vulgarisation bien intentionnée de l'Art nouveau avait conduit à des résultats contestables : l'Art déco se veut au contraire élitiste. Les artistes, les ébénistes mettent un point d'honneur à travailler d'une manière impeccable des matériaux rares et choisis. Dépouillement de lignes, raffinement des matériaux sont led termes d'une définition de l'Art déco, qu'il faut distinguer plus ou moins heureusement.
Le style 1925 se développe sous l'influence des mouvements artistiques du début du XXe siècle. Le Bauhaus dicte le fonctionnalisme, le fauvisme suggère les couleurs pures, le cubisme les formes abruptes, l'art nègre le goût de la stylisation ; la rutilance et les ors des Ballets russes de Diaghilev, vers 1910, apportent une touche orientale à la sévérité "Art déco".
Le fonctionnalisme, qui s'accorde à l'élitisme, correspond au complet bouleversement des styles de vie, dont la mode est elle-même le reflet. Les particuliers privilégiés ne sont plus les seuls commanditaires : de moins en moins nombreux, ils sont remplacés par les collectivités. Un terme est créé pour désigner une activité nouvelle, celle des "ensembliers", qui travaillent désormais pour les sociétés, les ambassades et les grands paquebots, palaces flottants. L'ensemblier se charge à la fois de la conception du décor et de l'intégralité de l'exécution, menée soit dans ses propres ateliers, soit avec la collaboration d'autres artistes et artisans hautement spécialisés. Il aborde ainsi tous les aspects et toutes les techniques de la décoration.
Les caractéristiques du mouvement Art déco et artistes
Le principal domaine est le mobilier, représenté par des ébénistes très qualifiés qui entendent renouer avec la tradition de l'ébénisterie du XVIIIe siècle : Chareau, Coard, Dufrène, Follot, Groult, Jallot, Clément-Mère sont quelques noms que domine la forte personnalité du Ruhlmann qui s'intitule lui-même "meublier". Ils exploitent les lignes droites et les lignes pures, les volumes dépouillés, les bois précieux (sycomore, embobine, macassar, palissandre, amarante), jouent sur les matières insolites et luxueuses : laques noires et or, galuchat, cuirs repoussés, marquèterie de paille, de coquille d'oeuf, incrustations d'ivoire, jetés de nacre, des décors somptueux qui contrastent avec la sobriété des volumes. Vers 1928 apparaissent les premiers meubles de métal chromés, souvent de structure tubulaire, qui eux rompent totalement avec l'ébénisterie traditionnelle. Ce sont surtout des sièges, des bureaux, des tables basses, des éléments de rangement ; le verre est employé un peu plus tard, vers 1930.
Parmi les autres techniques artistiques préférées de l'Art déco, la laque est illustrée par Dunand, l'orfèvrerie est renouvelée par Puiforcat, le bijou par Templier et Cartier à qui on doit aussi des bibelots et des pendulettes d'un extrême raffinement. René Lalique, virtuose du bijou "Art nouveau", se reconvertit dans la verrerie "Art déco". Derain dessine pour la maison Bianchini et Ferrier de superbes tissus d'ameublement, Brandt conçoit des luminaires d'un genre nouveau, et la reliure retrouve rang d'oeuvre d'art avec Legrain, Rose Adler et Paul Bonet.
La redécouverte du style Art déco s'est faite en 1972, avec la vente Doucet. Le démarrage fut assez difficile et malgré l'ascension vertigineuse de ces dernières années, le marché demeure très restreint, animé seulement par une clientèle étroite d'amateurs exigeants (marchands pour la plupart), qui n'hésitent pas à payer un prix élevé pour une belle pièce, sachant qu'elle est exceptionnelle sur le marché.