Dorure

Qu'est-ce que la dorure ?

Procédé qui consiste à appliquer sur un support (bois, métal, cuir ou autre matière) une pellicule d'or.

La dorure sur bois

Appliquée au bois, la dorure donne naissance à des oeuvres sculptées (le plus souvent en chêne ou en tilleul), revêtues d'une fine pellicule de métal précieux.

La dorure à la détrempe est exécutée en plusieurs phases : le bois sculpté parfaitement poli reçoit plusieurs couches de plâtre, de terre rouge broyée et d'ocre, additionnées d'eau non calcaire, séchées et finement lissées ; sur cette "assiette" est appliquée la dorure "à l'or moulu", sous forme de minuscules feuilles d'or d'une extrême finesse, vivement posées à la "palette", un pinceau en poils de petits gris légèrement gras ; le "brunissage", ou le "polissage", consiste à fixer l'or et à le patiner avec une pierre d'agate en forme de corne montée sur un petit manche ; l'or, bruni avec soin, prend alors une belle patine profonde, soutenue par la coloration légèrement rouge de l'assiette.

La dorure à la grecque est recouverte d'un vernis gras qui évite que l'or ne s'écaille.

La vogue du bois doré aux XVIIe et XVIIIe siècles donne naissance aux oeuvres, qui triomphent avec le style rocaille : colonnes torsadées garnies de chapiteaux en feuilles d'acanthe, angelots d'inspiration florentine, trophées, attributs de chasse ou d'attributs de musiques, cadres sculptés, luminaires, boiseries et meubles divers.

Au XVIIIe siècle, les bois dorés décoratifs sont peu à peu abandonnés au profit de la "pâte" (mélange de blanc de Meudon et de colle de peau de lapin) coulée dans un moule dont elle épouse les moindres détails. les motifs démoulés donnent des sculptures en relief, qui sont à leur tour dorées à la feuille selon une technique analogue à la dorure des bois sculptés.

La dorure sur métal

L'argent doré s'appelle habituellement "vermeil" et se pratique depuis l'Antiquité. Le bronze doré est connu, lui aussi, depuis l'Antiquité, mais il a joué un rôle privilégié du XVIIe au XIXe siècle dans le mobilier et l'art décoratif.

Jusqu'au XIXe siècle, la dorure sur bronze ou argent se faisait au mercure. l'expression consacrée était "doré d'or moulu". Le doreur procède en effet avec un amalgame de mercure et d'or en poudre, qu'il applique uniformément sur l'objet à traiter. Cela fait, il présente l'objet au feu : le mercure s'évapore en vapeurs très toxiques, et seul l'or demeure, solidement fixé au support. Il reste au doreur à passer l'objet au brunissoir d'agate ou d'hématite afin de lui donner ce beau poli velouté que seule cette technique permet d'obtenir. l'invention, en 1827, de la dorure à l'électrolyse n'en constitue pas moins un progrès important, puisqu'elle met les ouvriers doreurs à l'abri des vapeurs mortelles du mercure. la dorure électrolyse se fait selon le même procédé que l'argenture. Elle donne un brillant plus froid et sans nuance, et est aussi moins résistante.

La dorure sur verre

Ce procédé de décoration dut couramment pratiqué dès les époques les plus reculées. La dorure s'applique toujours à froid, en surface ou entre deux couches de verre translucide. la technique diffère cependant selon le mode d'utilisation de l'or : à la feuille, en poudre ou en suspension. Tous les centres verriers ont eu recours à ce procédé, souvent aussi associé à l'émaillage (France, Venise, Allemagne) ou à la gravure (Espagne, Bohême). la forme de dorure la plus sobre est dans doute le filet qui souligne le buvant d'un gobelet.

La dorure des reliures

Pour orner les plats et le dos des reliures en cuir, les relieurs utilisent des techniques variées. A l'aide de fers légèrement chauffés et pressés sur le cuir mouillé, ils obtiennent des motifs "à froid" ; lorsqu'on interpose une feuille d'or entre le fer et le cuir, le motif ressort en doré ; il peut varier à l'infini, suivant la forme des fers. Il est possible également, pour gagner du temps, d'appliquer une plaque, à la dimension des plats. Le décor à froid date du Moyen-Âge, et le décor doré, dû aux Arabes dès la fin du XIVe siècle, parvint en France par l'intermédiaire de l'Italie et de l'Espagne, au début du XVIe siècle.


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