
Verre moulé-pressé
La technique du verre moulé-pressé
La technique du verre soufflé-moulé étant réservé uniquement aux pièces ayant un vide intérieur et une section circulaire, Lalique, pour les pièces massives, généralisa le procédé du verre moulé-pressé. Là encore, comme dans la technique du soufflé, le moule utilisé était exécuté en fonte de fer ou d'acier, d'après le modèle fourni par René Lalique. Prévu généralement en deux parties, il s'articule également à l'aide d'une charnière pour permettre une manipulation facile et une manoeuvre rapide. Conçu de cette façon, il permet de démouler sans déformer les reliefs.
Cependant, certaines petites pièces peuvent être moulée de "dépouille", c'est-à-dire avec un moule en une seule partie. C'est le cas de certains porte-couteaux, plaques de menu et autres petits sujets qui sont fabriqués un peu comme le ferait un bronzier en utilisant le procédé de la fonte au sable.
L'industrialisation du verre moulé-pressé
Conscient là encore de pouvoir généraliser le procédé à l'échelle de sa production, René Lalique industrialisa cette technique ancienne en utilisant un contre-moule en acier, articulé par un piston exerçant une pression énergique sur la coulée de verre liquide, et que l'on nommait "robinet". C'est la détente d'un ressort à boudin, extrêmement puissant, qui permet au verre liquide d'être refoulé avec suffisamment de force pour pénétrer dans tous les détails du moule avec la même intensité. La matière spéciale, mise au point par René Lalique, donnait une coulée adéquate pour s'inscrire pleinement dans la forme sans y adhérer ni boursoufler. De plus, le fait d'avoir sur le modèle une surface plate permet de l'utiliser pour appliquer, sur cette face, la pièce également plate qui est reliée au "robinet". Pour cette technique donc, il faut que la forme du modèle permette au verrier d'exercer la pression à la fois sur les deux faces, l'une ayant le décor, l'autre étant plate et unie.
La machine utilisée pour ce faire ressemble un peu à l'antique presse à bras de l'imprimeur. Sur le plateau inférieur qui reste fixe, on assujettit un moule, tandis quelle noyau du contre-moule en métal est fixé sur la partie supérieure de la machine, tout en restant verticalement mobile. Une fois la masse en fusion passée au creuset dans le moule, on abaisse la partie supérieure, on exerce la pression avec la détente du piston, puis on la ramène vers le haut et l'opération est terminée. Au contact des parois du moule, la matière se refroidit et se rétracte légèrement. L'opération consiste alors à démouler rapidement pour éviter les cassures et assurer l'opération de "recuit". Celle-ci doit être effectuée avec beaucoup de soi, et de précision, mais surtout sans précipitation pour éviter à la matière encore molle de se déformer.